Article Publié sur Libebordeaux sur le colectif "Parents en colère"
EDUCATION - «Vous devez devenir des parents en colère !» Micro à la main, Halima Témagoult, mère de famille à Lormont, sait trouver les mots pour exprimer la sienne, de colère. Elle fait partie dun collectif de parents délèves de la rive droite mobilisés depuis plusieurs semaines contre les réformes, déjà mises en uvre ou encore en préparation, du ministre Xavier Darcos. Hier soir, cest en tant quinvitée quelle sexprimait dans une salle municipale du Grand Parc, où les parents des élèves des deux écoles du quartier étaient invités à venir sinformer sur ce qui est en train de changer dans la scolarité de leurs enfants.
Dans la salle, aucun des sigles syndicaux habituels ni de représentants de fédérations nationales de parents délèves. Ce sont quelques parents du quartier, «sans étiquette» mais déjà sensibilisés à la question, qui ont organisé la réunion et demandé aux enseignants de leurs enfants de venir expliquer le contenu de réformes auxquelles ils nadhèrent pas.
Depuis les menaces qui pèseraient sur la maternelle («le ministre sest calmé sur le sujet, mais il faut rester vigilants», prévient une enseignante) jusquà la réforme de la formation des professeurs des écoles en passant par les évaluations du CM2, la liste est longue. Dabord les nouveaux programmes, mis en uvre à la rentrée 2008 et qui «imposent denseigner des compétences nouvelles à des âges où nous se sommes pas sûrs que les enfants soient prêts à les intégrer, explique une enseignante de CP. En faisant du « par cur » ça peut marcher, mais apprendre sans comprendre ne sert à rien». Puis la suppression des Rased (réseaux daide aux enfants en grande difficulté scolaire qui ont aussi besoin dun soutien psychologique) et la mise en place dheures de soutien qui «allongent les journées de travail des enfants tout en faisant perdre trois semaines de cours à la classe, sans se substituer aux Rased puisquils ne sadressent pas aux mêmes élèves», résume une enseignante de CE2.
Les parents du quartier, souvent venus avec leurs enfants, essayent de sy
retrouver. Une maman pose plusieurs fois la même question : «mais les
enfants en difficulté on en fait quoi, alors ?» «Je suis mère de trois
enfants et je suis scandalisée que le gouvernement ose nous parler de faire des
économies dans un secteur qui est censé être lavenir de nos enfants»,
semporte une autre. Installée à côté delle, Halima Témagoult approuve. Sur
l'air du «vous nêtes pas seuls», elle raconte la mobilisation des
parents de la rive droite, partie de Lormont et Floirac avant de gagner les
écoles de la Bastide. Depuis le début de lannée, plusieurs écoles ont organisé
des réunions comme celle-ci et un collectif «Parents en colère» sest créé, dont
les membres sont venus grossir les rangs de la manifestation organisée par les
enseignants samedi dernier. «Il faut quon arrive à sunir pour dire non,
stop à ces réformes qui ne correspondent pas à notre vision de lécole»,
insiste Halima Témagoult. Elle distribue des affiches «à coller devant vos
écoles» et propose de «donner quelques conseils» sur la façon de
mobiliser les autres parents du Grand-Parc. Car hier soir, ils nétaient pas
très nombreux à avoir fait le déplacement. «Nous navons pas de problèmes
avec nos écoles, explique Valérie Lagardère, membre de lassociation des
parents délèves de Condorcet. Globalement tout sy passe bien, alors nous
avons du mal à mobiliser». «Cest pas grave, il faut y croire, petit à
petit on fera tache dhuile», répond Halima Témagoult avant de donner
rendez-vous pour un grand meeting des «Parents en
colère» à Lormont mardi 27 janvier. Dans lassistance un père de
famille rigole : «Elle va finir ministre, celle-là !»
SL.
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